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Vous avez sûrement déjà entendu parler de voyage durable, responsable, éthique, écolo et j’en passe. Savez-vous vraiment en quoi tout cela consiste? Et si oui, arrivez-vous à voyager en respectant ces concepts? La réponse est sûrement non et c’est normal. Il est très difficile d’allier toutes ces bonnes pratiques à la fois.
Alors soit on arrête totalement de voyager pour ne pas nuire à la planète (comme cette tendance à boycotter l’avion), soit on essaye de faire au mieux. C’est là qu’intervient le voyage raisonné. Explications…
Le voyage raisonné, kézako?
Commençons avec le concept plus connu de l’agriculture raisonnée. Ça vous parle? C’est l’agriculture qui vise à allier rendements et respect de l’environnement. En gros, ce sont souvent des agriculteurs qui souhaitent arrêter la culture intensive par soucis d’éthique, sans non plus passer du jour au lendemain au bio.
Et bien le voyage raisonné, c’est pareil. Cela concerne les voyageurs qui prennent conscience de leur impact sur l’environnement et les cultures locales et souhaitent changer les choses à leur rythme. On n’atteint pas la perfection du jour au lendemain comme on ne devient pas sportif en un claquement de doigts. Tout est question d’entraînement.
Pour voyager mieux, il faut inscrire nos actions dans le temps, étape par étape. C’est un processus et non un objectif fixe.
Par où je commence?
Pour voyager de manière raisonnée, il faut d’abord faire un état des lieux de nos habitudes et modes de consommation en voyage.
Posez-vous les bonnes questions:
- Quels moyens de transport j’utilise?
- Quel type d’hébergement?
- Qu’est ce que je mange?
- Comment je me comporte?
- Quel est mon équipement?
Cela permet de prendre conscience de l’étendue de notre impact négatif. Attention, ça pique! Mais pas de panique, on est tous passé par là. Prendre conscience des choses est l’étape la plus difficile (et également la plus importante).
Après la prise de conscience, on accepte de ne pas être parfait (mea culpa!) et on se dit qu’on fera mieux à l’avenir. Rappelez-vous du jour où vous avez commencé à trier vos déchets. Vous avez commencé par séparer les verres, puis les déchets papier, puis les bouteilles plastique. Aujourd’hui, vous ne vous rendez même plus compte que vous triez tous les jours et vous avez peut-être même fabriqué un compost dans votre jardin. Tout est question d’apprentissage.
Comment je deviens un voyageur raisonné?
Pour faire mieux, tout passe par la connaissance. Vous pouvez trouver l’inspiration en lisant les aventures de blogueurs voyage responsables, en discutant avec d’autres voyageurs, etc. Toute piste est bonne à prendre. La curiosité avant tout!
Je vous ai quand même préparé quelques idées sur lesquelles vous pouvez commencer…
1- Réduire son impact culturel en voyage
Bien se comporter
C’est un peu bateau j’avoue. Je veux juste dire par là qu’il faut rester discret et ne pas faire de scandales. Quand les voyageurs se comportent avec retenue, les relations voyageurs/locaux sont saines. Quand les dérives arrivent, des tensions apparaissent et les problèmes avec. À l’étranger, on représente notre pays d’origine. Donc par respect pour les compatriotes qui voyageront après nous, on reste cool!
S’adapter à la culture locale
Outre le fait de ne pas faire de vagues, il faut aussi s’adapter à la culture de notre destination. Nous sommes les visiteurs, personne ne nous a forcé à venir (et même si vous êtes en voyage d’affaires, c’est pas la faute des locaux). Alors on range notre culture et notre ego dans un coin pour ne pas heurter nos valeurs avec celles des locaux. Les “Nous en France on fait comme ci ou comme ça…”, tout le monde s’en fout, à moins qu’on nous pose la question.
Respecter la vie privée
On encourage toujours la curiosité en voyage. Être curieux de tout c’est bien, mais uniquement si on ne dépasse pas les limites du respect de la vie privée. Donc avant de photographier une personne, on lui demande avec le sourire. Je suis passée à côté de dizaines de photos géniales par soucis de respect de la vie privée. C’est frustrant mais je me console en gardant ces images en tête.
2- Réduire son impact environnemental
En choisissant bien ses modes de transport
Le transport est le point épineux du voyage. Et l’avion est de loin le transport le plus polluant. Alors on ne va pas arrêter de prendre l’avion non plus (même si dans l’absolu ce serait bien pour la planète). Il faut juste essayer d’optimiser ses déplacements. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas adepte du tour du monde en un an. Cela fait parcourir des milliers de kilomètres en vol sans laisser le temps de vraiment visiter les destinations. Je préfère de loin les voyages lents où on se concentre sur une ou plusieurs régions, voire un ou plusieurs pays si on voyage pendant plusieurs mois. Lors de mon dernier long voyage d’un an par exemple, j’ai visité seulement 5 pays en Asie du Sud-Est. J’ai passé beaucoup de temps aux mêmes endroits et j’ai pu rencontrer pas mal de monde. Si j’avais voulu combiner l’Asie avec l’Australie ou l’Amérique Latine, j’aurais beaucoup plus pollué et j’aurais du raccourcir mon voyage d’au moins 4 mois pour rester dans le budget.
Pour le transport terrestre, l’idéal serait la marche ou le vélo, mais on n’est pas tous prêts pour ce type d’aventure. De mon côté, je favorise les transports en commun pour les longues distances. Une fois sur place, je fais le maximum à pied. Cela permet de s’imprégner de l’atmosphère locale, c’est gratuit et c’est toujours mieux que le taxi ou la location de voiture. Mais dans certains cas, comme par exemple en Afrique du Sud, difficile de faire sans voiture. Le réseau de transports en commun n’est pas bien développé et il est dangereux de se déplacer à pied dans certains coins. Donc on fait au mieux.
Vous pouvez compenser vos émissions de C02 sur le site CO2Myclimate. Il suffit de renseigner votre plan de vol ou votre itinéraire terrestre et le système se chargera de calculer la quantité de CO2 produite et la somme à payer pour compenser tout ça. Pour vous donner une idée, un aller/retour Paris-Lyon en voiture vous coûtera environ 6€ et un aller/retour Paris-Bangkok en direct vous coûtera quant à lui 74€. De cette manière on se rend mieux compte de l’impact environnemental de chacun de nos trajets.
Limiter la consommation de produits importés
Les produits importés ne sont pas arrivés là par magie. Il a fallu les transporter. Donc consommer du raisin australien en Asie du Sud-Est alors qu’il y a toute une palette de bons fruits frais produits localement, c’est un peu bête, non?
Limiter sa production de déchets
Si vous aimez comme moi voyager dans des coins reculés souvent difficiles d’accès, le problème des déchets va se poser. Surtout que le tri sélectif n’est pas chose courante dans tous les pays.
Les bouteilles plastiques
Commençons par le cas des bouteilles plastique. J’ai été choquée par la quantité de bouteilles vides chargées à bord de bateaux-poubelle sur le port de Koh Lipe en Thaïlande.
Un voyageur boit en moyenne une bouteille d’eau par jour si ce n’est plus. Imaginez donc le nombre de bouteilles jetées si vous voyagez 2 semaines, 2 mois ou un an. De quoi faire peur! Pour limiter ça, j’ai acheté une gourde que je remplis dans les fontaines à eau des guesthouses. Si je suis au milieu de nulle part, je fais bouillir de l’eau du robinet ou j’utilise une pastille de Micropur (purificateur d’eau). Il existe aussi l’option Lifestraw, une paille filtrante qui permet de boire n’importe où.
Au final, j’ai investi dans une gourde pour une quinzaine d’euros et en un an et demi, j’ai évité que 547 bouteilles plastique ne finissent dans la nature. Pas mal, non?
Les emballages plastiques
En Asie (mais pas que), c’est la foire au plastique! Quand vous achetez des nouilles sautées à emporter, le vendeur va vous les mettre dans une boîte en plastique, puis dans un sac plastique (le tout accompagné de couverts en plastique bien sûr). Au final, ça fait autant de déchets que de nourriture. Du coup, le meilleur moyen d’éviter tout ça est de ne pas commander sa nourriture à emporter et manger sur place autant que possible. Quand vous achetez quelque chose, dites que vous ne voulez pas de sac plastique. Et les quelques sacs que vous aurez quand même, gardez les pour les réutiliser. C’est bien pratique d’en avoir sous la main au cas où.
Les déchets cosmétiques
La plupart des produits cosmétiques de la grande distribution sont fabriqués à base de substances chimiques nocives pour notre corps et l’environnement, et emballés dans du plastique. Du coup, j’ai essayé de trouver des alternatives naturelles et sans plastique qui me permettent à la fois de prendre soin de moi tout en réduisant drastiquement mon impact environnemental. Au final, j’ai même été surprise de découvrir que ça me coûte encore moins cher qu’avant malgré le choix de produits de qualité. Pas besoin d’être riche pour passer aux cosmétiques naturelles! Comme j’avais beaucoup à dire là-dessus, je vous ai tout raconté dans mon article sur les 5 produits de beauté indispensables pour voyager (ce qui marche également au quotidien).
Adopter les bons réflexes
Un jour, je suis partie en rando avec un ami autrichien amoureux de la montagne. Sur la descente, il a sorti un sac plastique et a ramassé tous les déchets qu’il trouvait sur son passage. Résultat: la nature a été libérée d’un sac de déchets et ça ne nous a pas demandé beaucoup d’énergie. Juste quelques squats. Depuis, j’emporte toujours un sac plastique et un gant en latex en rando pour faire de même.
Autre truc pour les fumeurs, le cendrier de poche est super pratique à la plage ou en montagne. Etant originaire de Savoie, j’ai le cœur brisé à chaque fois que je vois des skieurs jeter leur mégot dans la neige. Ces mêmes skieurs ne seront malheureusement plus là à la fonte des neiges pour voir le résultat de leurs actions. Donc le cendrier de poche, c’est pas juste un gadget!
3- Améliorer son impact économique
Préférer les petits restaurants locaux…
Entre un menu Mac Chicken et un poulet roti fermier? Un Pizza Hut et une truite fraîchement pêchée au barbecue? Un coca ou un jus de fruit frais? Vous préférez quoi? Dans la plupart des pays du monde, on trouve très facilement de petites enseignes locales où l’on peut goûter au terroir sans se ruiner. En mangeant local, notre argent enrichi les locaux et non de gras hommes d’affaires dans leur bureau à l’autre bout du monde.
… et les hébergements locaux
Idem pour les hébergements. Pour le même prix, favorisez une petite guesthouse de charme qui vous garantira calme et convivialité plutôt qu’une chambre dans un hôtel de grand groupe international. Ok, le service de ces hôtels est top, parfait pour les hommes d’affaires, mais y’a mieux en terme de dépaysement.
Acheter des souvenirs vraiment locaux
Pour les souvenirs, l’idéal est de trouver des produits de l’artisanat local plutôt que le porte-clés Made in China sans âme. Ce n’est pas la valeur financière du souvenir qui restera mais sa valeur sentimentale, l’histoire qu’il y a derrière.
4- Ne pas oublier le plan éthique
On termine avec le plan éthique, partie importante du voyage raisonné (après, promis, je vous laisse tranquille).
Boycotter tout ce qui va à l’encontre de nos valeurs
Quelquefois, on peut être amené à devoir choisir entre sa curiosité et ses valeurs. Choix difficile.
Prenons l’exemple de mon voyage au Sri Lanka. J’ai visité un orphelinat d’éléphants et on m’a proposé de faire une balade sur le dos de l’un d’eux. En soi, c’est une expérience que je n’ai jamais tenté et ça à l’air sympa de monter sur le dos d’un éléphant. Mais par principe, comme je sais que les éléphants ont été maltraités pour accepter quelqu’un sur leur dos, j’ai refusé.
Idem pour les centres où l’on peut caresser les lions en Afrique, les « ping pong shows » à Bangkok ou la prostitution à Prague, Phnom Penh ou Marrakech. Ce n’est pas parce que “tout le monde le fait” qu’il faut aussi participer.
Payer le prix juste
Il est vraiment important de payer le prix juste de chaque chose (ce qui n’est pas incompatible avec un voyage à petit budget). D’où l’importance de bien se renseigner pour avoir une idée des prix et savoir s’il est coutume ou non de marchander.
Quel est le problème si on ne paye pas le bon prix?
- Si on paye plus, les vendeurs vont croire que tous les touristes sont riches et vont gonfler anormalement leurs tarifs en prenant les voyageurs pour des pompes à fric. Cela va favoriser les conflits et la haine des étrangers qui ont la vie si facile et peuvent se permettre de dépenser sans compter.
- Si on paye trop peu, les vendeurs ne vont pas gagner leur vie dignement et certains décideront de partir dans des filières plus lucratives comme la contrebande ou la prostitution.
Voila. Ce sera tout pour mes pistes sur le voyage raisonné.
Qu’en pensez-vous? Avez-vous d’autres idées que j’aurais oubliées? Dites-moi tout en commentaire…
Merci pour cet article ! Si on a bien une conscience écolo chez soi, on a tendance à croire qu’en voyage ça peut devenir compliqué de l’appliquer. Quelques bons gestes permettent déjà de réduire son impact… J’en profite pour te féliciter ton blog est vraiment inspirant :’ )
C’est exactement ça, si la graine écolo est déjà plantée dans notre esprit, elle continuera à pousser même en voyage. 🙂
Merci Fany pour cet article très intéressant et ton écriture très agréable 🙂
Contente que l’article t’ai plu! 😄 Et n’hésite pas si tu as d’autres idées sur le sujet…
Merci pour cet article intéressant!
En le lisant, je me rends compte que je fais déjà pas mal de ces choses, assez naturellement au final. Par contre, il y en a d’autres (le plastiiiique) qui sont moins évidentes! Je n’avais jamais pensé à faire un « bilan ». Je vais tester ça tiens, et faire une fois le point 🙂
Hehehe! Le plastique est un des points les plus difficiles à gérer. Surtout en Asie où tout est emballé 4 fois! 😉
Mais au moins, faire le bilan est déjà une étape prometteuse.
N’hésites pas à me communiquer tes nouvelles idées dès que tu en as… Ça m’intéresse! 😊
Pourtant, je me suis acheté une gourde… mais j’adore l’eau pétillante! :/
Si je trouve d’autres astuces, je penserai à venir poster un commentaire par ici 😉
bravo pour cette article très bien écrit des choses simple qui parfois ont oublie en étend hors de sont pays,
merci et bonne continuation dans la suite de ton voyage.
Merci Fred! 🙂